lundi 6 juillet 2015

La dernière grande route

Partis des Açores vers l’Irlande pour 1100 milles (2000 km), on reprend le train-train des quarts : 12 heures de quarts de nuit (même si il fait pas nuit !!) séparés en 4 fois 3 heures : On démarre vers 21 ou 22h après dîner et l’un dort dans notre cabine pendant que l’autre effectue son quart dans le carré. Il y fait tout ce qu’il veut (lire, regarder un film, préparer les prochaines étapes, étudier la météo, chercher à résoudre des problème du type ‘Pamela va sauver le noyé’ et même dormir) pourvu qu’à intervalle régulier de 20 à 30 minutes selon la situation, il vérifie l’environnement (pas de bateau autour ou en route de collision !) et le bon fonctionnement du bateau (changement du vent, réglage des voiles, charge de la batterie, bon fonctionnement de l’hydrogénérateur,…).

On vous a fait un petit film pour vous montrer les conditions :



Mais avant de vous raconter la traversée, on va vous parler de l’arrivée en Irlande !
A quelques heures de notre arrivée, une vedette des Douanes s’approche de Glloq alors qu’on avance bien dans une vingtaine de nœuds de vent et de belles vagues par moment.

Deux vedettes sur la photo. Trouvez les !

La vedette des Douanes ayant suivi Glloq un petit moment, un douanier prend contact par radio et nous pose quelques questions puis nous dit… qu’il va nous envoyer des gens à bord dans les 10 minutes !!
Alors, on les a attendus, excités comme des gamins qui attendent le numéro de cirque !
Et ils sont arrivés : Ejection d’un pneumatique par l’arrière de la vedette rapide, puis approche de Glloq sous le vent, appui (fort !) du pneumatique sur le côté de Glloq pendant que deux gars en habit étanche grimpent à bord en évitant la bôme. Pas mal ! Mais on aimerait bien revoir le numéro avec une mer un peu plus formée ou vers un bateau à moteur.
On les accueille en applaudissant et en les félicitant pour cet abordage ! Ca les fait rire !

Première phrase : ‘Welcome in Ireland’
On se doutait bien que c’est pour nous accueillir qu’ils avaient fait tout ça. Mais, chose bizarre, ils ont pas de panier cadeau avec une Guinness et une écharpe avec un trèfle !
On discutera bon enfant dans le cockpit avant de les accompagner pour une visite de l’intérieur de Glloq (et même de l’intérieur de quelques sacs !). On final, la manière de mener l’interrogatoire dans la bonne humeur, nous a fait passé un moment sympa et ils ont eu les réponses à leurs quelques questions de base (Etes-vous allés en Jamaïque ou en Amérique du sud ? Est-ce que vous prévoyez de déposer un colis en Irlande ? Mais – Bon Dieu – où est donc la came ? etc…).
Après une heure, on les a laissé partir en demandant leur participation à notre collection de photos de Douaniers (on vous met les deux, Glloq a pas pu prendre la photo avec nous 4).



On les observe remonter le canot à l’arrière de la vedette après avoir fait de nombreux cercles (certainement pour trouver un moment et une orientation convenable).





On s’est fait un petit film après leur départ :



En tournant la tête, on découvre la côte de l’Irlande. C’est la baie de Bantry qui s’ouvre à nous et tout au fond de cette baie, le mouillage de Glengarriff vers lequel on se dirige au près bon plein dans 20 bons nœuds de vent.

On a déclaré quelques kilos de thon à la Douane. Mais visiblement ce n’est pas ce qu’ils cherchaient.
Car on a pêché du thon !

Il faut dire qu’on a peu pêché puisque on traîne en permanence notre hydrogénérateur. Il nous garantit des batteries à 100% presque tout le temps mais s’emmêlerait avec la ligne de pêche !
Un matin, le vent était totalement tombé et nous avions donc mis le moteur (plutôt qu’attendre en se faisant ballotter par les vagues). C’était l’occasion et pêcher. Aussi dit, aussi tôt fait : On remonte l’hydro et on envoie la ligne. Rien jusqu’au soir ! On remballe et on attaque les quarts.
Le lendemain, Jacques remet la ligne au lever du soleil (en se rappelant du blog de Cody l’Aventurier qui écrivait que c’était le bon moment). Moins d’une heure après, branle-bas de combat, ça a mordu.
On enroule le génois immédiatement et on lofe un peu pour ralentir le bateau, puis on remonte progressivement la bête. C’est un thon de 80 cm et d’une petite dizaine de kilos. Un ‘thon obèse’ (Thunnus obesus / Bigeye tuna) d’après nos études !

Youpi ! Ca mort !
Belle prise !
On a réussi à prendre un thon malgré la concurrence des masses de pêcheurs concentrés à quelques milles de nous. Preuve à l'appui avec l'écran du GPS.

43 bateaux dans un rayon de 5 milles ! Ca pêche fort !

Un petit coup de rhum pour le thon (anesthésie à l’ancienne), quelques heures d’attente, et Glloq est transformé en poissonnerie pour extraire de beaux filets de thon (peut-être 6 kilos).

Tête de thon... Toi même !
Ca c'est du beau filet !
Il reste plus qu’à l’accommoder. Sashimi et thon grillé dès le midi, acras de thon le soir et après on commence à chercher de l’originalité !
A ce jour, il nous reste quelques kilos et on a fait :
Sashimis (thon cru)
Thon grillé
Thon pané à la moutarde, sauce tomate
Thon poêlé mariné au citron
Salade de thon et riz
Rillettes de thon (on en a encore un grand bol plein)
Acras de thon (encore des restes de pâte à faire frire)
Tartinable de Thon à l’huile, tomates confites et aux épices, genre Belle Iloise (encore un grand pot)
Involtini de thon au bacon

Le thon, c'est bon !
On a encore prévu :
Pizza au thon
Thon mariné au rhum/menthe/citron
Hachis thon-parmentier

N’hésitez pas à faire vos propositions. On prend tout !

Cette fois et grâce l’Iridium (tél satellite), on est en contact avec des copains qui traversent en même temps que nous. En particulier Katyna et Atalama. On échange régulièrement nos positions et des nouvelles. En plus des échanges avec vous via le blog, ça nous relie aux autres.

Pour cette navigation, Gaëlle a préparé avant le départ quelques plats préparés (plats complets ou sauces) qui facilitent beaucoup la cuisine même quand l’instabilité de Glloq rend la cuisine délicate.

Jacques a arrêté de chercher à quel endroit Pamela devait entrer dans l’eau pour sauver son nageur (voir dans un article précédent). Après interrogation du grand Google, il s’avère qu’il n’y a pas de solution ! Ces longues heures de réflexion et de calcul auront tout de même permis à Jacques de redémontrer quelques propriétés sur les angles utilisées pour les calculs de réfraction de la lumière… entres autres ! Il va falloir lui trouver une autre énigme pour lui occuper l’esprit en plus de l’étude de la météo et de ses options !
En attendant, il s’occupe à faire des projets de logos pour des T Shirts.

Version en cours... 

Quand à Gaëlle, elle continue ses lectures pas le moins du monde indisposée par les mouvements de Glloq. Trois volumes de 600 pages sur la vie de Gengis Kahn pour commencer et elle puise encore dans les centaines de livres électroniques que nous avons emmenés !

Du point de vue de la météo, cette route des Açores à l’Irlande longe par l’est la route des dépressions qui se créent à l’ouest de l’océan atlantique et vont mourir vers l’Islande. Chaque dépression qui passe apporte du vent de sud-ouest (qui nous pousse dans le bon sens ! Youpi !). Ce vent est plus ou moins fort en fonction de la distance à laquelle passe la dépression et de sa force.
L’exercice consiste donc à être suffisamment à l’ouest pour avoir du vent (car trop à l’est, il y a de beaux anticyclones qui apportent le grand soleil qu’il y a eu en France ces dernières semaines) et pas trop à l’ouest pour pas être dans la tempête. Tout cela en évitant de faire trop de zigzags inutiles et en gardant une orientation du bateau avec le vent qui le garde confortable (pas trop de roulis et pas trop de gite autant que possible !).
Et pour résoudre tout ça, on dispose des données récupérées via le téléphone satellite : les prévisions de vents par zone toutes les 3 heures et pour les carrés de 100kmx100km qu’on a choisis, les cartes météo émises par les météorologistes américains (NOAA) et anglais.
Voila ! Vous avez toutes les données du problème !

Pour nous, le résultat est la route suivante :


On a au final effectué 1207 milles (pour 1070 en route directe) en 8 jours 20 heures. Ca nous fait une moyenne de 5,7 nœuds et on a utilisé le moteur pendant 21 heures (sur deux périodes de calmes et les manœuvres de port). On est plutôt contents du résultat.

Glloq s’est encore très bien comporté : Aucune panne ni surprise, il a bien marché même dans les petits airs, nos générateurs d’électricités ont super bien produit (éolienne et hydrogénérateur, même si ce dernier nous fait surement perdre 0,5 noeuds).

Il se repose au mouillage à Glengarriff (fort bien abrité même si ici, étrangement, l’eau monte et descend plusieurs fois par jour ;-) ). Et nous, on est allé boire une Guinness au pub.

Le paisible mouillage de Glengarriff
Vue sur les montagnes depuis Glloq
Tant de route pour une Guinness !
L’Irlande est toujours aussi belle et les irlandais aussi accueillant. On est très contents d’être ici même si… ça manque de canicule !
Il fait peut-être pas très chaud mais suffisamment beau pour manger des glaces et faire des ballades dans les vertes forêts.

Le gros modèle n'était pas en vente !
Des sapins et des montagnes… ça manque de cocotiers !
Que de mousses ! On dirait l’île de Flores !

A bientôt pour une prochaine étape en Irlande avant notre route vers les Sorlingues.

3 commentaires:

  1. Super, ça me fait toujours aussi plaisir de vous voir :)
    Profitez de la fraicheur de l'Irlande, nous on a très chaud...
    Gros bisous

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  2. Ravi de vous revoir bientôt.
    Vous n'avez pas fait de quiche au thon, de brick au thon et poireau, de cake au thon, d'endive au thon ou encore de thon basquaise ?

    @+ JYK, Servane et les 4 fantastiques

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  3. Isabelle Malgérard7 juillet 2015 à 18:12

    Un petit coucou, cela faisait un moment que je n'avais pas laissé de comm.
    Contente de continuer à suivre vos aventures. Si vous voulez de la chaleur on vous en passe un peu, nous pfffff trop chaud.
    En fait, cet hiver on avait froid, vous aviez chaud, cet été on a trop chaud vous êtes pas trop mal vous hihiihiiiii
    Quel beau thon !!!! Huummmm vous avez pu exploré de nombreuses recettes cool. De gros bisoussss à bientôt. Profitez bien de l'Irlande

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